Repas livrés à domicile : comment bien gérer le passage à la vaisselle réutilisable ?

Repas livrés à domicile : ce qu’implique de passer du jetable à la vaisselle réutilisable

Depuis plusieurs décennies, les acteurs de la restauration ont pris l’habitude de proposer des contenants jetables pour les repas livrés, à emporter ou à consommer sur place en restauration rapide. Cependant les temps changent. Les consommateurs, et la société dans son ensemble, ne tolèrent plus les répercussions de ces modèles historiques sur l’environnement.

La Loi Anti-Gaspillage pour une Économie circulaire (Agec) vise donc à transformer nos modes de vie pour tendre vers un modèle de société plus durable. Entrée en vigueur le 1er janvier 2022, elle lutte contre le plastique jetable et le suremballage de certains produits. Pour le moment, seule la livraison « récurrente » de repas à domicile (au moins 4 fois par semaine) est concernée. Mais demain, la loi s’appliquera à l’ensemble des acteurs de la restauration.

Voici quelques-uns des grands défis opérationnels auxquels ils auront à se confronter pour se mettre en conformité.

Impliquer le consommateur dans la restitution de la vaisselle réutilisable

Tous les consommateurs bénéficiant de repas livrés à domicile de manière régulière, devront changer leurs habitudes. Véritable enjeu opérationnel, il va falloir expliquer aux personnes concernées (principalement des personnes âgées ou en situation de handicap) qu’il faut qu’elles lavent la vaisselle après avoir mangé puis la rendre au livreur lorsqu’il apportera le repas suivant.

Demander au livreur de reprendre la vaisselle utilisée

Les consommateurs ne seront pas les seuls à devoir changer leurs habitudes. Le livreur des repas à domicile va aussi voir ses missions évoluer. Ce sera probablement à lui de réclamer au client la vaisselle des précédents repas pour en assurer le transport retour.

Intégrer des prestataires extérieurs dans le process

Pour des raisons d’hygiène et de sécurité alimentaire, la vaisselle réutilisable devra obligatoirement passée par une phase lavage-décontamination, quand bien même les consommateurs l’auraient déjà lavée. À l’instar des hôteliers avec le linge, les entreprises de repas livrés à domicile auront tout intérêt à intégrer des prestataires extérieurs dans leur process. L’organisation d’une nouvelle filière de lavage mutualisé de la vaisselle réutilisable permettra notamment de réaliser de substantielles économies d’eau.

Privilégier de nouvelles matières comme l’inox pour la vaisselle réutilisable

Adieu le carton ou le plastique qui passaient aisément au micro-ondes ! Dans une logique de vaisselle réutilisable, mieux vaut se tourner vers des matières inertes comme le verre ou l’inox. Cette dernière matière, l’inox, présente de nombreux avantages pour les acteurs des repas livrés à domicile : il est notamment incassable et peut être réemployé jusqu’à 2000 fois (soit près de 10 ans) sans s’altérer. Son seul inconvénient est son incompatibilité naturelle avec le micro-ondes, puisque métallique. Pour y remédier, certaines entreprises planchent déjà sur la création d’un inox micro-ondable.*

Lire aussi : “Loi AGEC : quel impact sur la traçabilité des contenants en restauration rapide et livrée ?“

Vaisselle réutilisable : quels enjeux technologiques pour les acteurs des repas livrés à domicile ?

Au-delà des nouveaux process opérationnels à mettre en place, la gestion de la vaisselle réutilisable s’accompagne d’enjeux technologiques. Pour éviter les vols et les pertes de contenants plus onéreux que la vaisselle jetable, les acteurs des repas livrés à domicile doivent pouvoir les suivre en temps réel. Avoir une vision de son stock disponible permet aussi d’anticiper les éventuels réassorts. Car avec la loi AGEC, sans vaisselle réutilisable impossible de répondre aux commandes des clients, qu’ils soient sur place ou livrés à domicile.

Assurer la traçabilité de la vaisselle réutilisable

Pour avoir une vision en temps réel de l’état de sa vaisselle réutilisable, il faut réussir à tracer chaque contenant individuellement. C’est désormais possible, avec la technologie des tags RFID. Chaque pièce de vaisselle est associée à un identifiant unique, détectable par onde radio. Il est alors possible de savoir où la vaisselle se trouve dans le parcours : non attribuée (en stock donc), associée à un client, associée à un livreur, associée à un prestataire externe, etc.

Utiliser des tags RFID qui préservent l’environnement

Pour répondre aux normes sanitaires et environnementales, les tags RFID doivent répondre à des critères précis :

• être stickables : l’adhésif utilisé pour les coller sur les contenants réutilisables ne doit pas être nocif pour l’environnement.
• être recyclables : les tags doivent pouvoir être réutilisés dans le même ou un autre contexte.
• être pérennes : ils doivent pouvoir résister aux nombreux lavages et au passage au four traditionnel, voire au micro-ondes. *

Se donner les moyens de traiter la donnée collectée

Les acteurs de la restauration livrée à domicile doivent être aussi en mesure de collecter, traiter et analyser de très larges volumes de données (Big Data) en temps réel. Cela passe par :

• des systèmes d’information sécurisés et des infrastructures réseaux disposant d’une très bonne connectivité ;
• des capteurs : pour collecter la donnée en masse, réaliser des inventaires instantanés ou faciliter l’intégration des nouveaux gestes métiers sans complexifier l’expérience collaborateur ;
• des lecteurs de données mobiles : pour être en capacité de transmettre l’information en temps réel, même lorsque les livreurs sont à domicile.

Dans le cadre de la loi AGEC, la mise en place d’une traçabilité en temps réel de la vaisselle réutilisable est essentielle pour maintenir la rentabilité des acteurs de la restauration livrée à domicile. Mais cette transformation majeure de la filière amène de nombreux défis opérationnels et technologiques. Le numérique permettra d’y faire face. Il apparaît déjà comme l’un des piliers du monde sans déchet de demain.

Pour aller plus loin : “Loi AGEC : gérez les stocks, la consigne et la traçabilité de votre vaisselle réemployable“

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*Hub One en collaboration avec le fabricant de plats inox, la société Bourgeat (https://www.bourgeat.fr/fr/) développent en R&D, un tag RFID micro-ondable.