L’avènement du « Neutral Host » ou comment déployer des réseaux indoor demain ?

L’avènement du « Neutral Host » ou comment déployer des réseaux indoor demain ?
L’avènement du « Neutral Host » ou comment déployer des réseaux indoor demain ?

4 questions à Stéphane Klajzyngier, Ranger Telecom*, ex-CEO de Radio Frequency Systems

Après 25 ans chez Alcatel et 10 ans chez RFS (Radio Frequency System), quel regard portez-vous sur le marché du DAS et de la connectivité indoor en général ?

C’est un marché qui croît de 10% à 15% par an depuis plusieurs années. Il pourrait cependant croître beaucoup plus vite. En effet, 80% de l’utilisation mobile se fait en indoor. Ce pourcentage est encore plus important lorsque l’on regarde seulement la Data.

Prenons un exemple parlant, celui du SuperBowl. En 2013, on comptait 200 Go de data échangées dans le stade. En 2014, 400 Go, et en 2015 plus de 1,9 To. C’est dire si les besoins ne cessent de croître.

Or les réseaux ne sont pas dimensionnés pour répondre à cette demande et les investissements sont encore trop rares.

 

Comment expliquez-vous cette lenteur dans le développement ?

Ce n’est pas pour des raisons techniques en tous cas. Le DAS (Distributed Antenna System) permet en effet d’équiper n’importe quelle infrastructure publique en déployant un réseau d’antennes multi-opérateur. La technologie est efficace et déjà largement utilisée. Le problème vient plutôt du business modèle. Jusqu’à maintenant 3 scénarios existaient :
– Le premier consiste pour les opérateurs à co-investir via un consortium. En France par exemple, cela impliquerait Orange, Bouygues Telecom, SFR et Free dans une même opération.
– Le deuxième modèle impose qu’un des opérateurs fasse l’investissement seul et loue ensuite un droit d’utilisation à ses concurrents.
– Le troisième système voit le propriétaire de l’infrastructure investir directement pour équiper son lieu.
Or pour différentes raisons, ces modèles ont du mal à se mettre en place. S’accorder avec des concurrents qu’on combat toute l’année n’est pas chose aisée et les propriétaires sont rarement motivés pour investir par eux-mêmes car ce n’est pas leur cœur de métier.

 

Vous présentez le Neutral Host comme la bonne alternative, pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

Le Neutral Host existe déjà notamment aux Etats-Unis ou en Grande Bretagne. Prenons l’exemple du métro à New York.  Le chantier coûtera au total 300 millions de dollars. La société Transit Wireless, mandatée par le New York Transit Authority (l’équivqlent de la RATP),  installe le réseau dans  l’ensemble des stations du métro de la ville. En opérateur neutre, elle a passé des accords avec les 4 opérateurs américains (Verizon, AT&T, T-Mobile et Sprint) pour agréger leur réseau au DAS.

Le modèle est alors simple, chaque opérateur paie un droit d’utilisation ainsi que sa part de l’amortissement. Le succès de ce système s’explique par plusieurs raisons. Le fait qu’une tierce partie intervienne entre les opérateurs simplifie beaucoup les projets. Les opérateurs n’ont plus besoin d’investir directement, les propriétaires non plus. Tout le monde s’y retrouve et les utilisateurs aussi bien sûr. Quand on pense que la 3G dans le métro parisien vient seulement d’arriver !

 

A ce sujet, quels sont les projets que vous aimeriez voir se monter en Europe ?

L’équipement des hôpitaux. Contrairement aux idées reçues, mieux l’hôpital est connecté, plus la couverture est bonne, moins son réseau ne crée d’interférence avec le matériel médical grâce à un signal optimisé et réparti. Mais je pense en général à l’équipement de toutes les grandes structures où passe un grand public comme les aéroports (que Hub One connaît bien), les métros, les stades ou les hôtels… La liste des besoins est très longue.

 

*Ranger Telecom, ex Lemcon Americas, est une société de service pour téléphonie mobile en phase de diversification vers une activité de Neutral Host en Amérique.

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