High Tech : la course à la puissance va-t-elle s’épuiser ?


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Les conjectures de Moore qui se sont révélées exactes depuis, prédisaient dès 1975 que le nombre de transistors des microprocesseurs sur une puce de silicium allait doubler  tous les 24 mois, avec une taille  et un coût constants. En simplifiant, cela signifiait que les processeurs qui sont au cœur de tous les équipements informatiques (serveurs, ordinateurs personnels, smartphone, …) ont une capacité de calcul qui est multipliée par 2 tous les 2 ans et avec un coût constant.
Cette course à la puissance a été l’un des plus puissants moteurs de l’industrie High Tech des 40 dernières années. La mécanique était implacable : processeurs toujours plus puissants, systèmes d’exploitation et logiciels toujours plus gourmands en ressources. Par conséquent ils entraînaient les consommateurs et les entreprises à renouveler fréquemment leurs matériels informatiques.

 

Cependant aujourd’hui, elle atteint une limite physique, que l’on appelle le « mur quantique ». En effet, la miniaturisation des circuits (gravures de 10 nm environ) fait basculer les micro-processeurs des lois de la physique traditionnelle à celles de la physique quantique, qui gouverne le comportement probabiliste des atomes. Les scientifiques travaillent d’arrache-pied sur ce nouveau type de calculateur. D’ailleurs, le prix Nobel de physique 2012 a été décerné au français Serge Haroche conjointement à l’américain David Wineland pour leurs travaux sur la manipulation de systèmes quantiques individuels. Force est tout de même de constater que cette technologie n’est encore pas prête.

Sans ce moteur, l’industrie de la High Tech a naturellement déjà évolué pour s’adapter et inciter au renouvellement de matériels et de logiciels.

 

Des innovations fonctionnelles pour encourager au renouvellement

Pour encourager les utilisateurs à renouveler leurs équipements, les industriels se concentrent sur des innovations fonctionnelles, qui, sans nécessiter une puissance décuplée, apporte une nouvelle fonctionnalité à l’utilisateur que l’ancien terminal ne pouvait pas offrir. Par exemple, on intègre des équipements et capteurs multiples : plusieurs caméras (de face et de front), capteurs divers (dont ceux liés à l’activité physique), lecteurs d’empreinte digitale ou d’iris…

 

Méthode de l’obsolescence programmée matérielle

C’est une méthode largement mise en œuvre pour forcer les renouvellements. Une batterie non remplaçable, qui a une durée de vie limitée, encourage le rachat d’un équipement, tout comme un écran qui se fissure à la première chute.

On parle d’évolution des formats de connectique. Par exemple, en passant d’un connecteur 30 broches à un connecteur « lightning » Par exemple,,Apple a favorisé le renouvellement des équipements associés à ses smartphones ou ses tablettes, comme les chargeurs ou les enceintes avec station d’accueil.

 

Méthode de l’obsolescence programmée logicielle

Plus sournoise, mais également très répandue, l’obsolescence imposée par voix logicielle, notamment via le système d’exploitation.

Les clients d’Apple connaissent bien la mécanique : dans un environnement complètement maitrisé par la firme à la pomme (matériel, système d’exploitation, logiciels…), les iPad ou iPhone d’une génération donnée peuvent devenir inutilisables, voire très lents, suite à une mise à jour d’iOS… Dans certains cas, devant la colère des utilisateurs, une version ultérieure redonne des performances plus décentes au terminal. Et puis un beau jour, Apple décide unilatéralement de ne plus fournir de mise à jour et en quelques mois, petit à petit, les applications ne seront plus utilisables et son renouvellement devra être envisagé.

La maitrise de bout en bout de l’écosystème (matériel et système d’exploitation notamment) par un seul acteur (ou plusieurs acteurs associés) est clairement un paramètre favorisant ce phénomène. Microsoft ne s’y est d’ailleurs pas trompé, son investissement sur la Surface  en est la démonstration.

 

Cas des gadgets innovants jetables

Toujours à la recherche de nouveaux usages, l’engouement pour les objets connectés amène les consommateurs les plus férus de technologie à se ruer parfois sur des objets qui sont  encore au stade de quasi prototypes, à peine utilisables, qui se retrouvent rapidement à la poubelle. C’est le cas, par exemple, de la plateforme Kickstarter, qui vend des objets connectés révolutionnaires, mais finalement inutilisables. Après quelques mois, la startup décide d’abandonner son projet ou de sortir un nouveau produit, plus industriel et mieux testé. Le consommateur est alors encouragé à acquérir ce nouvel équipement et se voit dans le meilleur des cas gratifié d’un bon de réduction, pour le remercier d’avoir été un supporter de la première heure ! L’innovation c’est aussi ça !

 

Les industriels ont déjà largement anticipé la fin de la loi de Moore et ont mis en place des mécanismes divers et variés encourageant les consommateurs à renouveler régulièrement leurs matériels… Pas de doute, les consommateurs continueront de vouloir se rééquiper tous les 2 à 3 ans !

 

Grégory MOTTIER
Grégory MOTTIER
Grégory Mottier est DSI du groupe Hub One. Il a deux passions dans la vie : les nouvelles technologies et la Suède qu’il a découverte lors de sa vie étudiante. On peut qualifier Gregory de Geek ! Il a toutes les technologies possibles et inimaginables : montre connectée, smartphone, ordinateur portable, tablette… Il aime l’innovation, le développement, l’internet des objets et les méthodes agiles. Son gadget préféré : un serveur Rasberry Pi. C’est un micro serveur personnel qui lui permet de faire de la domotique, de la vidéo surveillance, et contrôler ses objets connectés.
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