CES 2023 de Las Vegas : Quelles tendances pour quelles absences ?

9 mars 2023

Innovation

Le Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas, le plus influent des salons de l'innovation et extraordinaire terrain d’essai des technologies de pointe, qui se tient chaque début d’année, met en avant les grandes tendances à venir pour l’année et à plus long terme. Bien qu’un tel déplacement affecte largement, dès le début d'année, le bilan carbone annuel, le CES de Las Vegas reste une expérience unique qui permet de voir de ses propres yeux les avancées technologiques que promettent les grands acteurs innovants mondiaux qu’ils soient startups, PME ou grands groupes.
CES 2023 de Las Vegas : Quelles tendances pour quelles absences ?

Jérémie Pappo au CES de Las Vegas

Pourquoi participer au CES ?

Une chose est certaine, le CES 2023 repart de l’avant en comparaison à l’édition 2022, qui avait eu lieu en sortie de crise covid. En effet, à en croire les chiffres affichés, il y aurait plus de 1 000 exposants supplémentaires avec un total de plus de 2300 sociétés présentant leurs nouvelles solutions ou technologies mais qui sont là aussi pour donner leur vision du futur. Pour accompagner cela, l’espace d’exposition disponible au travers des différents centres de conventions de Las Vegas a augmenté de 70% ; il faut rappeler qu’en 2022, beaucoup de gros acteurs mobilisant de grands espaces avec leur stand étaient absents. Tous ces chiffres, synonymes de bonne santé, ont-ils cependant répondu aux attentes des visiteurs, 3 fois plus nombreux qu’en 2022 avec plus de 115 000 visiteurs dont 40 000 non américains venant de plus de 140 pays ?

Lorsque l’on vient au CES, il est quasiment impossible de ne pas trouver quelque chose en rapport avec ce que l’on recherche ou avec son domaine d’activité, que cela soit d’un point de vue particulier ou professionnel. Car effectivement, le CES est maintenant à la croisée des mondes : si d’un côté il existe toujours beaucoup d’applications ou de solutions à destination des consommateurs (il est possible d’acheter des accessoires pour son téléphone ou pour écouter de la musique), certains exposants sont là pour adresser le marché des entreprises (par exemple, des constructeurs de modules à intégrer dans les voitures, tels que des phares, des rétroviseurs connectés ou des matériaux permettant un toucher digital qui ne peuvent être intégrés que par les constructeurs automobiles).

Quelles grandes tendances se dégagent du CES 2023

En plus des nouveaux produits qui peuvent provoquer un regard d’enfant enviant ceux qui pourront s’offrir ces jouets, il est encore plus intéressant d’observer les grandes tendances qui ressortent du salon. Bien évidemment, il est si immense et couvre tant de domaines, que je ne peux proposer qu’une lecture du CES 2023 au travers des différentes visites de stands que j’ai pu faire, et qui prend en compte mes connaissances parfois limitées dans certains domaines.

La mobilité électrique prédominante

L’un des grands thèmes de l’édition 2023, est la mobilité. Cela commence par le véhicule électrique qui continue d’étendre sa présence (+25% par rapport à 2022), à travers les modèles de constructeurs reconnus (BWM, Volkswagen, Honda, etc.) mais aussi de « nouveaux » acteurs (Lightyear, Lucid Air, Faraday Future, etc.). C’est en quelque sorte un vrai « salon de l’Auto » où ne sont exposés que les derniers modèles  de plus en plus gros, de plus en plus équipés, en particulier d’écrans divers, notamment pour le divertissement, plus personnalisables, incorporant plus de batterie pour plus d’autonomie, etc… rien de vraiment écoresponsable d’un certain point de vue, mais pour sûr de plus en plus luxueux. Pour accompagner le véhicule électrique, la thématique de la recharge reste elle aussi très présente avec une envie de faire venir la recharge à la voiture et pas simplement à travers une infrastructure de recharge fixe. La réelle nouveauté de cette année pour ces véhicules électriques constitués d’innombrable capteurs avec chacun sa propre capacité de calcul pouvant fournir de la donnée, est la notion de « software defined vehicles». Le SDV a justement pour but de réduire le nombre de calculateurs répartis dans l’ensemble du véhicule (au niveau des freins, des suspensions, de la batterie, du moteur, etc.) pour passer à une architecture centralisée. L’autre fait marquant de cette année, est la bataille engagée sur les services de divertissement au sein de nos futures voitures, avec la perspective qu’elles soient un jour autonome. Ainsi, de nombreux partenariats sont montés entre constructeurs et champions du divertissement pour équiper les voitures : Sony et Honda, Apple et Mercedes, Android et BMW, etc.

La mobilité électrique s’étend de plus en plus à d’autres moyens de transport. La mobilité douce avec ses vélos ou trottinettes électriques était bien représentée comme le démontre les trottinettes de Bugatti, peu attendu sur le thème. Toujours dans le monde des deux roues, différents constructeurs de motos présentaient leurs modèles électriques dotés d’une autonomie avoisinant les 400 km et bientôt commercialisés à l’image de Verge Motorcycles et Davinci Motor. A côté de cela, la mobilité nautique confirme sa présence avec les fabricants de bateaux comme l’américain Navier et le suédois Candela qui exposaient leur bateaux hydroptères.

moto électrique Verge Motorcycles

Dans la catégorie des véhicules électriques, il y a toujours une place pour la sous-catégorie des véhicules autonomes. Deux tendances semblent prédominer : les navettes capables d’accueillir plusieurs personnes comme celles de Zoox, Holon ou encore ZF Shuttle et les plateformes modulaires, de différentes tailles, sur lesquelles peuvent être positionnées différents modules en fonction des périodes de la journée et des usages recherchés. C’est ce que propose Centro Vehicule Platforms et Applied EV. Même si sous-représenté, les véhicules spécialisés pour les marchés industriels étaient présents avec l’énorme tracteur auto-guidé de John Deer, le chariot élévateur autonome de Clark Parts et l’impressionnant mastodonte Cat 777 dédié à l’exploitation des mines de Caterpillar (on se serait cru dans Avatar).

Véhicule autonome Applied EV

Une présence de robots, plus timide

La catégorie robot possède elle aussi ses engins autonomes même si l’on pouvait avoir l’impression qu’ils étaient moins nombreux cette année que la précédente. Parmi ceux qui étaient exposés, une grande partie concernait les livraisons urbaines autonomes, c’est-à-dire des robots équipés de plusieurs compartiments capables de stocker des articles et de se déplacer en extérieur, à l’image de Cartken, d’Ottonomy ou Magma. Les autres étaient plutôt des robots d’intérieur en capacité de répondre à problématiques de préparation de commandes comme Ottobo Robotics ou adaptés à la restauration comme Richtech Robotics ou Pudu Robotics.

Robot Cartken

De leur côté, les drones étaient peu représentés, qu’ils soient capables de transporter des êtres humains de type VTOL (Vertical Take Of and Landing) ou adaptés aux usages plus personnels.

 

Lire l’article sur les premiers essais de VTOL par Groupe ADP : « Projet VTOL : l’avenir du transport aérien léger décarboné ? »

 

Des écrans moins encombrant et moins visibles

Autre catégorie dominante du CES, déjà bien représentées depuis des années : les télévisions ou de façon plus général, les écrans. Il semble que la technologie Oled fasse de plus en plus l’unanimité et que LG est aux avant-postes. Si le 8K reste la résolution mis en avant, le taux de rafraichissement semble évoluer pour les télévisions comme pour les moniteurs de PC. Nous atteignons maintenant les 120Hz pour le moniteur 49 pouces d’HVA et même 240Hz chez LG, particulièrement intéressant pour les jeux.

Mais la grande tendance du moment, c’est de supprimer toute connectique de l’écran en la déportant sur un boitier externe utilisant une technologie propriétaire sans fil pour transmettre l’image et le son, tout en gardant une résolution de 4K à 120Hz comme le fait le M3 TV de LG. Le constructeur Displace TV propose même la suppression de tous les câbles reliant une télévision de 55 pouces, même celui de l’alimentation, en lui permettant de fonctionner sur batterie et ce avec une promesse de 4 mois d’autonomie.

A côté de cela, si l’on nous avait déjà présenté les écrans invisibles, il y a cette année, la promesse de leur commercialisation à venir notamment avec l’OLED TV de LG. De son côté, Muxwave propose un très grand écran transparent pouvant afficher des personnes en taille réelle.

TV à écran invisible

Pour finir, c’est le grand retour de la 3D sur nos écrans. Mais cette fois-ci, plus besoin de lunettes, ni de contenu directement enregistré en 3D. Cette technologie concerne toutes les tailles d’écrans, de la tablette au téléviseur grand écran comme celui de 65 pouces 8K de TCL. Pour ce faire, les écrans sont autostéréoscopiques, c’est-à-dire qu’ils utilisent la technologie de suivi oculaire pour créer l’illusion de profondeur, permettant une expérience visuelle plus immersive. Mais comment cela se passe-t-il lorsqu’on est plusieurs devant un même écran ?

IoT et domotique, toujours partout mais pour quelle utilité ou réalité ?

Bien évidement l’IoT et la domotique était très bien représentés, certainement poussés par le retour des entreprises asiatiques, très imaginatives dans le domaine. La société Française Withings n’est pas en reste en faisant le buzz au travers de sa solution d’analyse d’urine à domicile. Le leitmotiv de beaucoup de ces solutions : être en mesure d’avoir des données de santé sécurisées à fournir en amont d’une consultation avec un médecin. Bien évidemment, ces solutions sont aussi là pour accompagner le bien-être et l’épanouissement de chacun en mesurant tout ce qui est imaginable d’être mesuré, tant chez l’être-humain que chez nos animaux de compagnie.

Le métaverse n’est plus !

Pour finir sur les grandes tendances, impossible d’éviter le métarverse. Pourtant, nous ne parlerons effectivement pas de métarverse bien que ce mot figurait encore sur quelques affiches de stand. En effet, nous sommes plutôt revenus aux thématiques de la réalité augmentée/virtuelle et de l’haptique. Les lunettes semblent de plus en plus à portée de vue. Et ce grâce au progrès et la miniaturisation de ces dernières années. Il est difficile de dénombrer les acteurs proposant des systèmes optiques utilisant, par exemple, la technologie de guide d’ondes qui permet à leurs verres d’afficher des informations avec un champ de vision et une résolution qui nous aident à nous projeter dans l’acceptation de ce type d’équipement. Si la majeure partie des démonstrations affichaient cette capacité à projeter un film ou autre document vidéo, sans interaction avec l’extérieur, d’autres cas d’usages, comme celui présenté par Ostloong avec son masque de ski qui affiche les informations de vitesse, de positionnement, d’altitude (comme prolongement de son smartphone). Les lunettes RayNeo X2 AR de TCL quant à elles, sont capables de traduire des conversations multilingues en temps réel. Bien évidemment, les grands acteurs étaient tout aussi actifs, à l’image de HTC avec son nouveau casque Vive XR Elite et Sony avec sa PlayStation VR2, une nouvelle génération de jeu en réalité virtuelle.

 

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Jérémie PAPPO
Jérémie PAPPO

Responsable innovation

Jérémie PAPPO est Responsable Innovation chez Hub One. Le sport et la technologie sont ses principaux centres d’intérêts. Ancien handballeur de compétition, ce sport est selon lui, un bon moyen de se dépenser et d’aller au-delà de ses limites. De nature curieux, il aime découvrir de nouveaux objets. L’idéal pour lui étant de pouvoir expérimenter toutes ces nouvelles découvertes une fois avoir compris leurs fonctionnements. Son gadget préféré ? Sa montre connectée. Convaincu des progrès en termes de nouvelles technologies, il espère prochainement, en dénicher un nouveau dont il sera encore plus addict !


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