La voiture autonome et connectée, c’est pour 2020 : interview d’Olivier Urcel de PSA
Les voitures capables de conduire seules, de régler automatiquement le parking ou de gérer l’entretien à distance seront bientôt une réalité. Les constructeurs automobiles ne cessent d’avancer sur ce sujet et multiplient les collaborations avec les opérateurs téléphoniques et spécialistes réseaux pour gérer l’échange de données, qui sera le nerf de la guerre.
Olivier Urcel, Chief Data Officer pour le Groupe PSA (plus de 3 millions de véhicules vendus en 2016 et des marques comme Peugeot, Citroën, DS) revient sur les grands chantiers techniques et technologiques mis en œuvre.
Où en est le groupe PSA en matière de voiture autonome ?
Nous sommes les premiers en France à avoir testé la voiture autonome sur routes ouvertes : en juillet 2015, une C4 Picasso autonome a parcouru 580 km entre Paris et Bordeaux. Depuis cette date, nous déployons notre programme AVA (pour Autonomous Vehicle for All) et avançons pas à pas pour ne prendre aucun risque sur le sujet. Dès l’année prochaine, des fonctions de conduite automatisée « sous surveillance du conducteur » seront lancées, par exemple sur la DS 7 Crossback. Enfin, à partir de 2020, des fonctions de conduite autonome permettront de déléguer entièrement la conduite au véhicule.
Quelles seront les possibilités offertes en matière de nouveaux services ?
Chez PSA nous sommes très fiers d’avoir fait passer un véhicule autonome à la barrière de péage de Saint Arnoult-en-Yvelines en juillet dernier dans le cadre d’un partenariat avec Vinci. C’est un cas d’usage très complexe, puisque le véhicule doit gérer les flux croisés des véhicules qui se dirigent vers le péage dans une zone sans marquage au sol. Il faut ensuite s’insérer dans une voie large de 3 mètres et être en mesure de prévoir l’imprévisible. Evidemment, il faut également pouvoir s’assurer que le véhicule s’arrête pour pouvoir payer à la barrière. De nombreux nouveaux services sont déjà en production, comme le pack monitoring pour être alerté en temps réel d’une opération de maintenance à réaliser. Il n’y a de limite que notre imagination : la voiture de demain pourrait bien être capable de se réparer de manière autonome ou même de payer son parking ou son entretien !
La voiture connectée, qui existe déjà, est-elle un avant-goût de tout cela ?
La connectivité permettra en effet à la voiture autonome d’être en interaction avec son environnement, l’infrastructure, le cloud. Et il y a bien d’autres cas d’usage de la voiture connectée : c’est l’infotainment*, la maintenance, etc. Nous développons cette offre de service via la marque Free2Move, pour proposer aux particuliers et aux entreprises un ensemble de solutions de mobilité. Cette ambition n’est pas nouvelle puisque nous avons été le premier constructeur à connecter ses véhicules au plan mondial, dès 2002. Les services proposés étaient alors les fonctions d’appel d’urgence et d’assistance. De tout temps, la sécurité et la fiabilité ont été au cœur de l’innovation dans le domaine automobile.
Comment gérer les flux importants de données et data ?
Sur la data, nous considérons que le sujet n’est pas tant celui de son exploitation commerciale, que celui de l’amélioration de nos véhicules et de nos services. C’est dans cet esprit qu’un projet de normalisation de l’exposition des données du véhicule est en cours sous le nom de « véhicule étendu ». L’objectif est de permettre un accès standardisé à la donnée, afin de permettre le développement d’un écosystème innovant. Cet accès devra garantir la sécurité du véhicule, c’est-à-dire qu’il ne doit pas risquer d’ouvrir une brèche vis-à-vis des fonctions organiques. Il devra aussi satisfaire aux exigences du futur règlement européen de protection des données à caractère personnel.
Les constructeurs peuvent-ils se passer de partenariats avec des groupes de télécoms, pour assurer un parfait transfert d’informations ?
Avant de pouvoir gérer ces données il faut déjà commencer par les collecter, et pour cela les opérateurs sont indispensables. Il y a une analogie avec ce que l’on constate à la maison, à savoir, une croissance exponentielle du trafic internet liée aux nouveaux usages, notamment la vidéo. Ceux liés au véhicule autonome suivront le même chemin : la connectivité du véhicule devra par exemple permettre au passager de regarder une vidéo ou de télécharger une nouvelle version logicielle. Nous travaillons étroitement avec les opérateurs pour faire face à ces enjeux. Et en début d’année nous avons annoncé un partenariat avec Orange et Ericsson pour la voiture connectée en 5G. Nous avons besoin d’une connectivité riche et sécurisée … à un coût abordable.