Livraison en 1 jour : Le défi du dernier kilomètre serait-il relevé ?

6 décembre 2019

Analyse

Aircraft engineer in the hangar repairing and maintaining airplane jet engine. Aircraft engineer in the hangar repairing and maintaining airplane jet engine.

Toujours plus rapide, les exigences des clients conduisent à une nouvelle promesse : la livraison en 1 jour. Les grandes sociétés telles qu’Amazon, Zalando ou encore Adidas sont en phase de la relever. Décryptage de ce challenge ? Comment réussir le défi du dernier kilomètre ? Quelles solutions ? Robot, drone… ?

 

Le dernier Kilomètre un véritable challenge !

Notre société de consommation, toujours plus demandeuse d’instantanéité (recevoir au plus vite la commande qui vient d’être passée), pousse les retailers* à relever le challenge de la livraison en 1 jour. Pour arriver à cette prouesse, ces derniers se dotent d’un réseau de stockage implanté intelligemment pour se trouver au plus proche des consommateurs. Reste alors à distribuer/livrer la marchandise de ce point de présence jusqu’au client. Cette étape est appelée le dernier kilomètre même si dans la réalité, elle peut en comporter beaucoup plus.

De nombreux paramètres sont à prendre en compte pour mettre en place la dernière étape de la livraison : la taille et le poids du colis, sa fragilité, sa contrainte de conservation (surgelés, fruits & légumes), la distance à parcourir, le climat au moment de la livraison, l’environnement à traverser, la régulation étatique, le vandalisme, etc.

Afin de relever ces différents défis les retailers* cherchent à s’appuyer sur les dernières technologies qui tendent à automatiser et fluidifier au maximum le service du dernier kilomètre.

 

La localisation un facteur clé pour le choix de la solution à déployer

L’environnement du lieu de livraison est un facteur qui joue un rôle clé dans le choix du service à mettre en place. Les drones volants semblent plus adaptés pour adresser les zones rurales que les zones urbaines. Ils ont en effet l’avantage de pouvoir couvrir de longue distance indépendamment des infrastructures routières ou piétonnières existantes. A ce jour, un des derniers défis de la livraison par drone volant est la réglementation.

La société Wing semble avoir franchi un grand pas, elle est la première entreprise à avoir eu à la fois une certification de transporteur aérien de la FAA (Federal Aviation Administration) lui permettant de gérer plusieurs aéronefs volants sans pilote humain pour des services publics. De plus une autorisation fédérale lui a été accordée pour faire des livraisons pour le compte de FedEx et Walgreen aux Etats-Unis.

Pour la ville, les drones roulants semblent beaucoup plus adaptés. Ainsi Amazon teste en Californie, dans la municipalité d’Irvine, son robot de livraison Scout. Celui-ci est autonome, se déplace sur les trottoirs mais reste pour l’instant accompagné par un « ambassadeur Amazon Scout ». En effet, un des premiers challenges à adresser est la capacité de ces robots à se déplacer dans les milieux urbains. D’autant plus que tous les milieux urbains ne se ressemblent pas : il peut être plus facile d’avoir un robot livreur sur les larges trottoirs désertés de piéton, comme on en trouve dans les grandes villes américaines, par rapport aux petits trottoirs surabondés des villes Européennes. C’est pourquoi ces robots se bardent de technologies relativement similaires à celles des voitures autonomes (lidar**, caméras, etc.) de manière à appréhender leur environnement qui comprends piétons, passages cloutés, vélos, trottinettes, chiens, trottoirs à monter, poteaux, etc.

La société Starship Technologies a initié des tests avec le même genre de robot livreur en Angleterre, à Milton Keynes. Cette expérimentation permet aussi de tester un business modèle. En effet, Starship réceptionne le colis pour le compte du client, celui-ci est informé dans la minute qui suit afin qu’il choisisse la date, l’heure et le lieu de livraison par l’intermédiaire du robot. Le service est souscrit au mois pour environ 9€. Cette approche budgétaire semble fonctionner car Staship s’attaque maintenant aux campus universitaires américains (université de Pittsburgh en Pennsylvanie ou l’université de George Mason en Virginie) après avoir franchi la barre des 100 000 livraisons et 350 000 km parcourus. Il faut dire que le robot fonctionne de jour comme de nuit et dans toutes conditions météorologiques (pluie et neige) pour un déplacement dans un rayon de 6km.

 

Le consensus au cœur du défi

Les prouesses technologiques ne sont pas les seuls challenges à relever : il y a aussi l’acceptabilité de ces robots par la population. ZMP veut s’imposer sur le marché à Tokyo avec CarriRo Deli, destiné à la livraison de denrées alimentaires commandées en ligne. Cette société a fait le choix d’un robot autonome moins compact (robot à quatre roues mesurant 109 cm de haut, 96 cm de long et 66 cm de large) pour porter une charge allant jusqu’à 50kg (vs 10kg pour Starship). Elle joue aussi la carte de la culture japonaise pour se faire accepter en dotant son robot d’une voix de personnage de dessin animé et de grands yeux. De plus, il est disponible sous quatre couleur (rouge, jaune, bleu et argent) et n’oublie pas la politesse avec des expressions cordiales du type « bonjour » ou encore « merci ».

Le livreur Postmates fait aussi particulièrement attention à l’intégration et l’acceptabilité de son robot Serve par la population, car en dehors de sa capacité à transporter un colis de 22,5Kg et son autonomie de 48km, Serve est doté d’un éclairage lumineux au niveau de ses “yeux” et peut émettre un signal luminescent lorsqu’il change de direction grâce à un système installé sur le dessus du robot. Les piétons et automobiles peuvent donc anticiper et comprendre les comportements du robot.

 

Communication, mimétisme, autonomie… Autant de leviers pour y arriver

La caractéristique convergente à l’ensemble de ces drones livreurs est la vitesse de déplacement qui équivaut à celle d’un piéton qui marche, mais l’interaction du robot avec la population ne s’arrête pas à son déplacement. Cette dernière existe aussi au travers de l’échange qu’il a avec le client et par sa capacité de s’assurer que la bonne personne récupère le bon colis.

Pour répondre à ce point, Starship a doté son robot d’un hautparleur pour communiquer avec les utilisateurs et d’un compartiment contenant la commande se déverrouillant via smartphone. Grâce à la géolocalisation, le smartphone permet aussi de suivre le robot dans son déplacement. Cependant, les drones à roulettes ne sont pas les seuls à vouloir défier la livraison du dernier kilomètre.

Les constructeurs automobiles se lancent aussi dans la course du dernier kilomètre. En effet, la seule capacité de la voiture autonome semble suffire pour tester le service. Mais si Ford s’allie à Walmart et teste ce style de livraison pour la première fois à Miami (Floride), c’est aussi dans le but d’étudier les aménagements nécessaires à mettre en place afin de livrer des produits simples, périssables et de volumes importants.

D’autres entreprises comme Nuro, spécialisées dans la livraison alimentaire, souhaitent aussi s’appuyer sur le concept de la voiture autonome. Cette dernière semble avoir pris un peu d’avance car R1 (modèle Nuro de la voiture autonome) n’a pas de poste de conduite ce qui lui permet d’avoir deux grands compartiments, rendant possible la livraison de plusieurs clients en une même course. Des tests sont en cours depuis 2018 en Arizona pour Fry’s Food Store (un opérateur supervisant à distance et pouvant reprendre le contrôle à tout moment).

Franprix se distingue dans son approche de la problématique du dernier kilomètre avec le robot de TwinswHeel. Le commerce de proximité souhaite accompagner le client dans les rayons du magasin puis porter les courses jusqu’au domicile. Pour cela, le client s’appareil avec le robot via un bouton l’autorisant à le suivre grâce à de la reconnaissance visuelle. Aujourd’hui l’expérimentation en cours se fait avec la présence d’un employé du magasin pour des raisons réglementaires. Ce type de service oblige TwinswHeel à doter son robot de capacités à suivre son « maitre » à distance tout en s’adaptant à ses différentes démarches et comportements. Il lui demande aussi de l’équiper d’une technologie qui permettrait de retrouver son référent lorsqu’il est retardé par un objet ou une personne.

 

L’ensemble de ces illustrations démontrent l’étendue des challenges à relever afin d’effectuer la livraison du dernier kilomètre de façon autonome. On notera que toutes ont pour limite de faire une livraison au mieux au pied de la maison et au pire au coin de la rue. Elles nécessitent donc une forte synchronisation avec le client pour s’assurer qu’il soit bien présent au moment de son arrivée. D’autres initiatives existent pour assurer une livraison indépendamment de la présence du client : elles passeraient par une autorisation d’accès temporaire au coffre de sa voiture ou à la serrure connectée de son domicile, permettant au livreur (qui n’est pas un robot) de déposer la commande.

 

Retailers* : Les détaillants

Lidar** : Appareil qui émet un faisceau laser et en reçoit l’écho (comme le radar), permettant de déterminer la distance d’un objet.

 

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Jérémie PAPPO
Jérémie PAPPO

Responsable innovation

Jérémie PAPPO est Responsable Innovation chez Hub One. Le sport et la technologie sont ses principaux centres d’intérêts. Ancien handballeur de compétition, ce sport est selon lui, un bon moyen de se dépenser et d’aller au-delà de ses limites. De nature curieux, il aime découvrir de nouveaux objets. L’idéal pour lui étant de pouvoir expérimenter toutes ces nouvelles découvertes une fois avoir compris leurs fonctionnements. Son gadget préféré ? Sa montre connectée. Convaincu des progrès en termes de nouvelles technologies, il espère prochainement, en dénicher un nouveau dont il sera encore plus addict !


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